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Passerelle, une jeune trentenaire active !

Dernière mise à jour : 26 avr. 2020

En ce tournant d’une nouvelle décennie, un petit regard sur le livret papier des années 1987-2007, qui compile patiemment les informations annuelles de l’association Passerelle, nous replonge dans la genèse de cette formidable aventure solidaire et humaine.

Les temps changent, les personnes changent aussi, l’Éthiopie évolue… mais Passerelle est toujours là, parfois secouée par les crises, mais solidement ancrée dans l'engagement et la volonté d'avancer grâce à tous ceux et celles qui ont nourri son énergie.

Bonne plongée dans le temps, pour un résumé sans doute trop restrictif malgré la longueur du texte, qui montre comment s'est construite au fil des années l'histoire de notre association.


L’histoire de Passerelle prend sa source en mars 1987, lorsque 3 familles iséroises se rendent en Éthiopie à Addis Abeba pour concrétiser leur démarche d’adoption. Ils rencontrent sur place un couple d’expatriés français (Yves et Jacqueline Ferez), qui soutient l’orphelinat créé à Kidhane Meheret par Sœur Marie Joseph, une Éthiopienne très âgée. De cette rencontre naît alors, en septembre, l’association Passerelle dont l’objectif est de contribuer à la survie des 80 enfants de l’orphelinat (de 0 à 14 ans), en lien avec deux autres associations Enfance & Vie (Nord Pas-de-Calais) et Accueil & Vie (région parisienne).


Les membres fondateurs de Passerelle sont des parents adoptifs qui, par le biais des actions d’aide sur place, se trouvent confrontés au problème des orphelins éthiopiens dont l’avenir immédiat pourrait cependant être assuré par l’adoption internationale.

C’est pourquoi l’association Passerelle choisit de se structurer afin d’être reconnue comme œuvre d’adoption. L’agrément est obtenu pour l’Isère et les départements limitrophes : Passerelle devient OAA (Organisme Agréé pour l’Adoption) en septembre 1988. L’association est très active, comme le montre la lecture des Passerelle Nouvelles compilées dans un cahier qui retrace les aventures annuelles de l’association entre 1987 et 2007 : récits de voyages, accueil des enfants dans leurs familles françaises, carnets de bord… tous ces témoignages permettent de se replonger dans une histoire associative riche et bien suivie. En voici un extrait, daté de novembre 1993 (PN n°10).


Création du Toukoul


Devant le problème que pose la forte mortalité des tout-petits qui ne reçoivent pas une hygiène corporelle et alimentaire suffisante, Passerelle et Accueil & Vie décident de s’engager dans la construction d’un nouveau centre pour recueillir les bébés orphelins. Il s’agit d’un bâtiment à ossature bois de 250m2, conçu et préfabriqué en Isère par l'architecte Michel Lafay pour être transporté puis monté sur place. Un projet de 600 000 francs qui reçoit pour moitié une subvention du Conseil Général de l’Isère et dont la seconde moitié est assumée par un emprunt souscrit à la Caisse d'Épargne. Le remboursement de ce prêt est couvert par différents donateurs : Accueil & Vie, CG de l'Aisne, CG du Maine-et-Loire, Enfance & Vie, M. Dequidt (un philanthrope amoureux de l’Éthiopie) et, bien sûr, Passerelle. Une seconde tranche s'avère rapidement indispensable, pour assurer l'accueil d'enfants plus âgés, montant le coût total de la réalisation à 1 million de francs, notamment grâce à une subvention très élevée de la Commission européenne obtenue à l'aide de Claude Fondeur d'Enfance & Vie.


En mars 1989, l’ensemble du bâtiment est chargé dans 4 containers avec l’aide des familles bénévoles mobilisées par les familles Darmet, Martin et Lafay. Durant la mémorable journée du samedi 4 mars 1989, plus de 50 personnes déploient leur énergie et leur imagination pour charger minutieusement ces boîtes de 30m3 chacune ! En plus du bâtiment en pièces détachées, elles contiennent 1 tonne de médicaments, 2 tonnes de denrées (confitures pâtes, riz, lait en poudre), 1 tonne de vêtements classés par âges et 50 paires de chaussures. Embarqués à Marseille, les containers arrivent en Éthiopie après 2 mois de voyage. L’association Raoul Follereau a offert ses services pour assurer la responsabilité du transport, tandis que l'architecte M. Lafay, accompagné de Mgrs De Thiersant et Feuillassier vient coordonner sur place le montage du bâtiment.

C’est ainsi qu’en juillet 1990, le TOUKOUL, portant symboliquement le nom de l’habitat traditionnel éthiopien, voit officiellement le jour, prenant le relais de l'orphelinat de Sœur Marie Joseph. La structure comprend une crèche médicalisée d’une capacité de 50 bébés et jeunes enfants. Puis une dizaine de containers sont aménagés pour recevoir les enfants plus grands, grâce à la seconde tranche de financements évoquée plus haut, faisant l'objet d'un nouvel agrément auprès des autorités éthiopiennes fin 1992.

Cette période est marquée par la constitution, en date officielle du 16 juin 1989, de l’organisation SOS Enfants Éthiopie (SOSEE), dans le but de coordonner les actions des associations françaises concernées par cette action et ses extensions ; il est important de souligner que tout se met en place avec du personnel local — ce qui reste un marqueur fort encore aujourd’hui.


D’autres containers partiront ensuite, remplis de denrées non périssables, de vêtements et chaussures, d’électro-ménager, de matériel d’équipement des locaux sur place et de matériel scolaire. Suite à l'arrêt des adoptions internationales, le site du Toukoul est aujourd'hui fermé en tant qu'orphelinat.



Création du VTPC de Burayu


À partir de 1994, SOS Enfants Éthiopie regroupe plusieurs associations qui se mobilisent pour permettre et accompagner la sortie du Toukoul des enfants devenus trop grands. Le projet de créer un Centre d’apprentissage est lancé. Dans cette attente, Passerelle participe de 1994 à 1998 à la mise en place de formations destinées aux adolescents de plus de 15 ans issus de l’orphelinat. 23 garçons et 18 filles, encadrés par Sophie Bonichon une expatriée française recrutée par Passerelle, sont hébergés dans des maisons situées à Gullele, quartier au nord ouest d’Addis-Abeba.


Ato Zeresghi, directeur du Toukoul, s'implique paternellement dans cet accompagnement sur le long terme, jusqu’à son expulsion d’Éthiopie car de nationalité érythréenne, en pleine période de guerre. Ces jeunes suivent à la fois une scolarité dans les écoles du quartier et une formation professionnelle dans le cadre de l’orphelinat et des ateliers d’apprentissage de Mme Abebech (Abebech Orphenage).


Puis enfin, en 1998, le nouveau centre d’apprentissage voit le jour à Burayu dans la banlieue d’Addis-Abeba, sur un terrain de 2 hectares laissé à disposition par Mme Abebech. La gestion du centre est exercée uniquement par des éthiopiens. Ce centre d’apprentissage, appelé « Vocational Training and Production Centre » (VTPC), accueille pour commencer 30 jeunes issus du Toukoul. Les jeunes, tout d’abord logés dans les maisons existantes sur le terrain, sont progressivement intégrés dans des familles d’accueil vivant à Burayu.


Ainsi, en 2000, sur les 75 adolescents accueillis au VTPC, 53 sont placés en familles d’accueil. En 2011, ce sont 206 jeunes (95 filles et 111 garçons) qui vivent dans 76 familles d’accueil. Ils y retrouvent la vie de famille tout en bénéficiant du suivi du centre. À partir de 2007, les locaux libérés par les adolescents intégrés en familles d’accueil sont utilisés pour créer l’orphelinat de Burayu, qui s’installe ainsi dans l’enceinte du VTPC pour recevoir les enfants de 7 à 12 ans et faire la transition entre la sortie du Toukoul et les familles d’accueil.

Les ateliers (bambou, métal et secrétariat), ayant démarré en 1999, ont par la suite été complétés par l’atelier agriculture en 2002, avec la construction de l’étable et des formations théoriques associées, ainsi que le lancement en 2004 d’une ferme maraîchère pour créer des emplois destinés aux jeunes du Centre de Burayu. L’atelier métal fabrique les toitures des fermes, les fenêtres les portes ainsi que les lits doubles, de même que tout type de matériel utilisé dans la structure de SOSEE. L’atelier bois donne de bons résultats, tandis que l’atelier secrétariat rencontre quelques problèmes en raison des pannes sur les machines à écrire et les ordinateurs.

Les jeunes poursuivent leur scolarité dans les écoles avoisinantes.

Les plus âgés suivent des formations spécialisées qui correspondent à leur choix professionnels comme la formation en coiffure, la formation d’infirmier, la formation en mécanique auto, etc. Certains poursuivent des études à l’université. Progressivement, la recherche d’emploi pour les jeunes ayant terminé leur formation est aussi devenue une priorité pour le VTPC, Teshome Kebede ayant été recruté pour rechercher des débouchés.


Un mot sur le site de Gelan

L’orphelinat de GELAN, appelé aussi Soleil matinal, est créé en 2010 sur le territoire d’Akaki, situé à environ 30 kilomètres d’Addis, à l’initiative de Monsieur Dequidt, un torréfacteur installé en Éthiopie. L’association Passerelle n’est donc pas directement impliquée dans ce projet, si ce n’est que la vocation de GELAN est alors d’accueillir les jeunes enfants devenus trop grands pour rester au Toukoul mais pas encore en âge d’être placés en famille d’accueil dans le contexte du VTPC. Les conditions de vie à Gelan sont très agréables, en pleine campagne, dans des bâtiments neufs. Le site est fermé définitivement, revendu par les propriétaires M. Dequidt et l'association COATS, qui quitte également la structure de SOSEE, en 2019.


Le tournant de 2015


En presque 30 ans, ce sont 370 enfants qui ont rencontré une nouvelle famille et recommencé leur vie en France. Cependant le gouvernement éthiopien se ferme à l’adoption internationale courant 2014. Les deux derniers petits enfants adoptés vivant au Toukoul sont accueillis par leurs familles françaises en mai et juillet 2015, à l’âge de 2 ans, en raison de dossiers très avancés. Peu après s’être énormément mobilisée pour qu’aboutissent ces deux dernières adoptions, l’association Passerelle n’a pas d’autre choix que renoncer à son accompagnement de familles adoptantes et repenser son fonctionnement autour de l’axe fondateur qui est l’aide sur place.


Toutes ces années de transition ne sont pas faciles, notamment parce que l’adoption était devenue un point de ralliement majeur. Un courrier de Jean-François Gillet, trésorier d'EDT, à l’ambassadrice française alors nommée en Éthiopie, témoigne de la très forte inquiétude que notre collectif d’associations tient à faire remonter en toute transparence auprès des autorités éthiopiennes et de toutes les instances susceptibles d’apporter leur soutien à cette transition qui s'annonce :

« Le très fort ralentissement de l’adoption internationale en Éthiopie (nous sommes passés de 450 adoptions à 20 annuellement) nous prive du soutien financier des familles adoptantes. L’inflation galopante en Éthiopie accompagnée d’une très forte hausse des salaires sur place nous pénalise […] Nous avons bien tenté de changer notre mode de financement mais il faut de longues années pour réussir ce genre de mutation […] Nous avons bien conscience de nos responsabilités vis-à-vis des enfants et des salariés de SOSEE et nous ne souhaitons pas nous dérober. » Cela marque le début d’une harassante série de lettres, relances et négociations afin que les orphelins éthiopiens accueillis dans les structures de SOSEE puissent être pris en charge autrement puisque les structures ne fonctionnent plus faute de moyens. Le résumer en une simple phrase ne saurait contenir les mois de tensions, de désarroi et d’opiniâtreté fournis pour honorer nos engagements humains dans des conditions suffisamment viables.


Le Toukoul est aujourd’hui devenu un centre de formation universitaire et Gelan, finalement vendu courant 2019, a pris le même chemin. Des enfants placés par le gouvernement éthiopiens, en attendant une solution, ont été replacés dans des orphelinats éthiopiens, ainsi que les enfants lourdement handicapés, tandis qu’une vingtaine de jeunes ont pu rejoindre la structure de Burayu.


À ce jour, le programme d’action du collectif Les Enfants du Toukoul auquel Passerelle participe est concentré sur le VTPC de Burayu.

Scolarisation, activités d’été, recherche d’emploi, accompagnement des adolescents sur les sujets de santé et notamment la question cruciale du VIH dont sont atteints plusieurs jeunes, développement de l’autonomie alimentaire du centre avec la création de potagers, réfection des bâtiments pour offrir des conditions de vie correcte aux enfants, les axes d’action ne manquent pas pour le directeur Tamiru Anberbir et son équipe. Passerelle continue de s’impliquer toujours et encore, afin de contribuer au budget du centre s’élevant au dernier plan de financement EDT à 35 500 € mensuels



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